Gisacum, un espace naturel

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Les 2,5 ha du jardin archéologique des thermes ne représentent que 18% des propriétés du Département sur le site de Gisacum. Les autres parcelles sont des herbages sous-lesquels se trouvent enfouis certains monuments antiques.

L’ensemble de ces propriétés représente un espace naturel ordinaire renfermant une faune et une flore variées. C’est dans un souci tant écologique qu’économique que la gestion et l’entretien de ces espaces a été confiée au Conservatoire d’Espaces Naturels de Normandie-Seine, une association au service de la protection du patrimoine naturel haut-normand

Ses actions sur le site du Vieil Evreux

Depuis 2002, le Conservatoire d’Espaces Naturels de Haute-Normandie (CEN HN) intervient sur les réserves archéologiques de Gisacum par la mise en place d’un pâturage ovin qui entretient de manière écologique cet espace naturel.

En 2007 et 2008, le Département de l’Eure confie au CEN HN la réalisation du diagnostic écologique du site. Il permet de disposer d’un état des lieux des parcelles en ce qui concerne les habitats naturels, les espèces végétales et animales. Ces inventaires ont permis la rédaction d’un plan de gestion qui concilie la préservation du patrimoine archéologique et l’expression d’une plus importante biodiversité.

Les mesures de gestion mises en place sur le site :

Le Conservatoire d’Espaces Naturels de Haute-Normandie

Le Conservatoire d’Espaces Naturels de Normandie-Seine est une association agréée au titre de la protection de l’Environnement par le Ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie et au titre des associations de jeunesse et d’éducation populaire. Pour préserver le patrimoine naturel de notre territoire, le Conservatoire intervient dans quatre grands domaines :

Connaître et comprendre le fonctionnement des milieux naturels par des études et des inventaires scientifiques ;
Protéger, par la maîtrise foncière ou d’usage, les sites naturels présentant une forte valeur patrimoniale ;
Gérer les milieux par restauration et entretien, pour maintenir la biodiversité ;
Valoriser les sites et sensibiliser le grand public.
Pour plus d’informations : www.cen-normandie.fr

Résultats du diagnostic écologique

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Situé sur un plateau agricole constitué de grandes cultures, le site du Vieil Evreux apparaît comme un îlot de nature à préserver :
- 215 plantes dont 11 remarquables en Haute-Normandie
- 12 espèces de Papillons de jour et 8 espèces de Criquets/Sauterelles…
- 11 espèces de Libellules et 3 espèces de Tritons dans l’unique mare du site
- 40 oiseaux observés dont 27 nicheurs sur le site

 

Pâturage extensif

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Le troupeau mis en place sur le site du Vieil-Evreux est composé de moutons de race Solognote. Cette race est très ancienne, elle tire son nom de la Sologne où elle était adaptée et contribuait, dès le 15e siècle, à la fortune des paysans.

La race est très rustique tant par sa tolérance aux maladies que par son aptitude à tirer parti d’une végétation pauvre et ligneuse. Sa grande capacité d’adaptation aux conditions les plus précaires et ses facultés de récupération sont étonnantes.

Le pâturage extensif permet d’entretenir les prairies tout en favorisant une plus grande hétérogénéité de la végétation et des espèces. Les moutons jouent également un rôle important dans le transport des graines qui s’accrochent dans la laine ou transitent dans les intestins.

Fauchage tardif

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Le fauchage permet d’entretenir les prairies. Réalisé après la mi-juillet, il permet de laisser la végétation se développer et produire des graines avant le passage des engins.

Le foin est récolté pour ne pas enrichir le sol et ne pas voir se développer des plantes banales de friches. En outre, il est utilisé l’hiver pour nourrir la troupe de moutons présente à l’année sur le site.

Conservation de zones refuges

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Des surfaces ni pâturées ni fauchées sont conservées pour constituer des refuges pour la faune et la flore. Elles servent à la fois pour les plantes de réserves pour les semences et joue un rôle très important pour les insectes en particulier : elles leur offrent de la nourriture, de quoi se cacher des prédateurs ainsi qu’un abri pour l’hiver.

Lutte contre les espèces exotiques envahissantes

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Les espèces exotiques introduites dans les milieux naturels peuvent proliférer et prendre la place de la faune et de la flore autochtones.

L’écrevisse américaine ou la tortue de Floride sont de redoutables carnassières dans les mares. Elles peuvent anéantir des populations d’insectes et d’amphibiens en quelques années.

Sur le site du Vieil Evreux, la Renouée du japon, peste végétale, est pâturée plusieurs fois dans l’année pour contenir la population. Le Robinier faux-acacia, arbre originaire d’Amérique du Nord, a été abattu il y a plusieurs années sur le site mais une coupe annuelle s’avère toujours nécessaire.

Culture expérimentale en faveur des fleurs des champs (plantes messicoles)

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Les messicoles sont des plantes qui poussent préférentiellement dans les cultures. Il s’agit souvent de plantes annuelles, ayant un cycle comparable à celui des céréales. La plupart d’entre elles sont en régression en raison de l’intensification des pratiques culturales et de la mise en place de semis plus denses et de variétés plus compétitives.

Le Conseil Général de l’Eure a élaboré un Plan d’Actions pour sauvegarder ces fleurs des champs (près d’un quart des espèces présentes dans le département a disparu ces dernières décennies). Le Conservatoire mène des actions d’expérimentation sur certains sites comme le site de Gisacum.

La Mare : un espace naturel sensible

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Au coeur de la commune du Vieil-Evreux et du site archéologique de Gisacum, la mare, présente à proximité immédiate du jardin archéologique des thermes, fait partie du paysage remarquable du site.

Depuis l'ouverture du jardin archéologique des thermes en 2002, le Département de l'Eure a confié la gestion et l'entretien des espaces naturels au Conservation d'Espaces Naturels - Normandie Seine.

Ce partenariat essentiel entre le Département de l'Eure, la Municipalité du Vieil-Evreux et le Conservatoire des Espaces Naturels Normandie Seine permet de connaître, protéger et valoriser le patrimoine naturel présent sur le site dont la mare fait partie.

Au début de l'année 2018, un nouveau pas à été franchi pour la sensibilisation du patrimoine naturel sensible grâce à l'implantation d'un panneau informatif. Celui-ci vise à sensibiliser les promeneurs et les visiteurs du site.

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La Benettemare vue par les archéologues

Dirigez vous vers les thermes de Gisacum, à la hauteur de l'entrée du jardin archéologique, empruntez le chemin rural à votre gauche, vous remarquerez alors une petite mare présentant une apparence des plus anodines. Cependant il n'en a pas été toujours ainsi, et elle recèle quelques secrets. L'archéologie et l'étude des archives anciennes nous les révèlent …

La plus ancienne mention connue à ce jour remonte au 29 mai 1537, dans ce document conservé aux Archives Départementales de l'Eure, apparaît le nom d'un champ : "benest mare".

Convenons-en, il s'agit d'un nom qui interpelle. Des témoignages nous en apprenne la signification. En 1846, le propriétaire d'alors, le marquis de Fayet, déplorant que ses terres agricoles situées autour de la mare soient constamment noyées en période hivernale, écrivit une lettre au préfet lui demandant l'autorisation de déverser le trop-plein dans les vestiges des thermes … Cette demande suscita l'interrogation et un complément d'information fut notamment demandé à l'archéologue de l'époque, Théodose Bonnin. Celui-ci refusant la "demande relative à l'écoulement des eaux dans les ruines du Vieil-Évreux", nous éclaire sur le statut un peu particulier de cette mare. Dans sa réponse au préfet nous apprenons donc que "seule pendant l'Eté, lorsque les autres mares sont desséchées, elle fournit l'eau nécessaire a leur cuisine." On comprend mieux dès lors le soin constant que les habitants du Vieil-Evreux ont pu apporter au curage de cette mare qui devait être considérée comme une "benoiste mare" (littéralement une bonne mare), autre appellation sous laquelle nous la rencontrons au hasard des textes d'archive.

Ajoutons à ceci un autre témoignage verbal prétendant que le fond de celle-ci était dallé et nous voyons aisément son origine étymologique.

Fort de ces traditions locales, l'archéologue d'aujourd'hui se penche sur le mystère entourant cette "beneste mare", et la dure réalité des faits vient infirmer la présence de dallage …

Cependant, d'autres indices sont susceptibles de nous orienter vers une probable origine antique. En 1913, Henri Lamiray, qui s'intéressait au site, publia un petit guide de visite dans lequel il nous apprend qu' "On [pouvait] descendre [dans la mare] par un grossier escalier de maçonnerie curieusement pratiqué dans un mur antique". Détail intéressant que l'on peut encore vérifier de nos jours. Nous avons donc des murs entourant la mare et ceux-ci sont probablement antiques.

Les fouilles des thermes ont été l'occasion de mettre au jour de nombreux fossés drainants destinés à assainir les abords de l'édifice. Si l'un d'eux se dirige vers la mare, on ne peut toutefois pas à ce jour avoir la certitude qu'elle a servi d'exutoire dès l'Antiquité. Cette mare aurait alors constitué un bassin bordé par une rue gallo-romaine, reliant le sanctuaire du Vieil-Evreux à celui de Cracouville via les thermes. Cet axe préfigure l'actuel chemin rural dit de la Malotterie, qui borde toujours la Benettemare ou "bien nette mare".

 

Animations pédagogiques

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La transmission des connaissances et la sensibilisation du public à l’environnement est une des missions du CEN HN. Chaque année, il organise des animations pédagogiques et ludiques sur le thème de la nature.
Voir les animations proposées

Le site de Gisacum a été labellisé au niveau 3 de la charte d'entretien des espaces publics

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Le  site archéologique de Gisacum vient d'être labellisé au niveau 3 de la charte d'entretien des espaces publics. Ce label s'inscrit dans le cadre de la politique de préservation de la qualité de l'eau portée par le Département de l'Eure, en partenariat avec la FREDON.

Un travail de changement de pratiques d'entretien des espaces verts est conduit depuis 2008. L'arrêt de l'utilisation des produits phytosanitaires n'a pas été immédiat. Il s'est accompagné d'une réflexion globale sur les travaux d'entretien de chaque site départemental, ce qui a conduit à la définition d'un plan de gestion différenciée pour chacun des deux sites (Le Domaine d'Harcourt et le site archéologique de Gisacum).

Les produits phytosanitaires ont été remplacés par des techniques alternatives comme le paillage du pied des arbres et des haies, le désherbage thermique ou manuel des allées. Aujourd'hui, l'ensemble des sites fait l'objet de tontes différenciées par zones. Certaines parties sont même pâturées par les moutons du troupeau ovin départemental.

> Télécharger la charte d'entretien des espaces verts

> En savoir plus sur la gestion des espaces publics des sites départementaux